Rust signifie rouille et sous-entend inévitablement le métal qu'elle recouvre. Rust est minérale, mais d'un minérai qui a souffert du temps et qui préfigure par les recouvrements successifs de cette rouille justement un envahissement quasi végétal. Rust ne se départ pas dans mon imagination d'herbes, de lichen, de fleurs. Je garde en mémoire ce beau tableaux d'Anselm Kiefer rencontré à Rome al museo delle Scuderie del Quirinale, il y a plusieurs années, constitué de feuilles de plomb, de couleurs bleues denses, de rouilles et de fleurs séchées. Rust est lourde comme le plomb (« Il faut être lourd écrivait Jean-René Huguenin, il faut être une sorte d'éléphant dans la forêt vierge »), elle s'enfonce dans le registre grave duquel elle ne s'extirpe que par inserts, par déchirements métalliques. Rust fait appel à une petite numérologie personnelle qui décline une série de proportions
17 double-croches 17 noires 17 noires pointées 17 rondes / 7 double-croches 7 noires 7 noires pointées 7 rondes
Plusieurs tempi proportionnels (ronde=47 ronde=59 ronde=71 ronde=95) définissent des qualités d'écritures différentes (choral, contrapuntique, rythmique).
L'alternance de ces écritures, plus ou moins rapide, plus ou moins saccadée, fragmente le discours, mais crée aussi pour finir une impression de polyphonie de formes.