L’écriture de cette pièce, inscrite dans le cycle Urbana (25 œuvres pour diverses formations qui ont pour commun dénominateur l’espace urbain et sonore sous des aspects différents) suit un chemin multiforme conformément à l’idée d’un temps relatif, ou un temps parallèle présent dans l’œuvre presque homonyme de Jorge Luis Borges (El jardin de senderos que se bifurcan).
L’œuvre est conçue à partir de l’idée d’un « aleph temporel » — une concentration de la totalité sur un point particulier ou sur une œuvre précise – Cette idée est à la fois un écho de la fiction littéraire et la transcende, musicalement, pour établir un contrepoint qui révèle des facettes multiples :
L’œuvre se divise, en effet en cinq parties (d’une durée avoisinant les deux minutes) qui comportent chacune à sa manière ces coexistences de mondes parfois voisins, parfois très éloignés. Pourtant une unicité se dégage, celle de la présence du saxophoniste, qui agit aussi bien comme un fils conducteur discursif que comme passeur ouvrant la porte d’entrée à des univers parallèles. Des voix se font entendre ailleurs que sur scène, outre le saxophone (des véritables contrepoints sont confiées aux saxophones soprano, alto, baryton et au Tubax préenregistrés), des pianos réels ou imaginaires vont résonner ouvrant ainsi l’espace d’écoute à « tout les possibles ». À partir du jeu virtuose de l’instrumentiste s’établit une multiplicité de « Senderos… » pour les auditeurs. Ceux-ci seront les véritables protagonistes du parcours, oscillant, instant par instant, entre l’écoute active et la distance contemplative.