So schnell, zu früh enchaîne huit sections d'un seul tenant qui se divisent comme ci-dessus.
Les parties en allemand correspondent à celles où la chanteuse intervient, les autres demeurent strictement instrumentales.
D'une certaine façon, So schnell, zu früh est une extension de Devenir. J'ai bénéficié d'une expérience acquise avec Leslie Stuck, assistant musical à l'Ircam, pour développer et étendre les enjeux que je me suis fixés lorque je mélange les sons électroniques à ceux de la lutherie traditionnelle. Complémentarité ou diffraction, homogénéité ou dérivés sont les bases de ma recherche. Je ne vise aucune confrontation, mais bien une polyphonie de structures et de timbres, que l'électronique et l'acoustique déclinent chacun selon ses propres critères et qualités intrinsèques. Chacun à son tour domine, se complémente ou s'oppose. La spatialisation par haut-parleurs disposés autour du public révèle alors les différentes couches tout en reliant les événements.
L'écriture vocale reste volontairement dans le domaine d'un chant qui entoure le texte (mélismes de So schnell par exemple) ou l'énonce plus clairement (monosyllabisme de Ach wie flüchtig 1 et 2). Seuls les deux derniers vers sont parlés, avant que l'œuvre ne s'achève dans le silence.
La forme globale est un parcours linéaire, de la déflagration initiale à la suspension finale, où quelques éléments de figuration réapparaissent, transgressés, comme une réminiscence brouillée. J'ai, pour cette œuvre, priviliégié l'instant et l'articulation à un schéma trop pré-établi qui ne me semble pas correspondre à l'envie d'une variation évolutive de tous les paramètres d'écriture, au long du parcours de l'œuvre. La recherche d'un devenir infini est certainement un aspect de mon travail actuel.
En exergue à la partition figure la dédicace à Dominique Bagouet où je cite le passage de Michel de Montaigne se remémorant Etienne de la Boétie :
« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitités, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes l'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle elles se mêlent et se confondent l'une en l'autre, d'un mélange universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « parce que c'était lui, parce que c'était moi. » Essais I, XXVIII
Je remercie chaleureusement Leslie Stuck et Sharon Cooper pour leur patiente et précieuse collaboration.