C’est comme libéré d’un poids que je m’empare de sujets ou de thèmes très connus, qui ont inspiré des dizaines voire des centaines de compositeurs par le passé. Cela me soulage de la pression de livrer un narratif « original » et me permet de me concentrer uniquement sur le sonore, et sur la magie du son encore non conceptualisé. Ce faisant, j’accepte et j’assume le fait que le thème lui-même et la multitude de ses émanations déjà existantes influenceront voire donneront forme à ma pièce, ouvertement et inconsciemment tout à la fois.
Avec ce Stabat Mater, je rends hommage, non à la Vierge et au Christ, mais à l’amour et la passion que ces symboles ont inspirés musicalement. Mon travail est guidé par l’admiration et, à travers elle, j’essaie de situer mon existence en tant qu’humble partie d’une plus vaste continuité.
Bien loin de tout isolement dans l’espace, j’aspire continuellement à dépasser l’isolement dans le temps, et à bâtir ma relation personnelle au « tangible » du passé et de la tradition.
Jug Marković, note de programme du concert du 27 avril 2024 à l'Espace de projection de l'Ircam.