D’emblée, la forme de votre pièce détonne au sein de ce concert : constituée de multiples fragments, elle se glisse dans les interstices entre les pièces de vos collègues.
Stolen Music traite des enjeux politiques et artistiques des lois sur la propriété intellectuelle – lois injustes, inefficaces et obsolètes dans notre monde de plus en plus numérisé et interconnecté.
Le thème est donc celui du vol : non pas pour dire que voler de la musique est acceptable, mais pour montrer ce qu’il advient lorsque la musique est volée librement, et laisser le public décider ce qu’il pense de ce genre de pratiques. Dans le contexte d’un concert, le plus évident est de voler la musique des autres compositeurs au programme. Utiliser des fragments volés comme base pour composer des transitions permet également d’arrondir les angles entre les pièces, et de traiter l’entièreté de la performance comme une seule et même œuvre d’art : et c’est là de nouveau un pied de nez fait aux concepts rigides de propriété intellectuelle.
Outre ses aspects politiques, le sujet lui-même a un potentiel humoristique non négligeable – nous autres Irlandais disons souvent les choses les plus importantes en racontant des blagues.
Comment avez-vous abordé le projet dans les aspects plus pragmatiques de la composition ?
D’abord, la pièce est pour électronique et vidéo, sans instrumentiste – un instrument me semblait un outil peu propice au traitement du sujet et à la nécessaire liberté qu’il suppose. De surcroît, les diverses connotations ou attentes qu’un instrument véhicule auraient été un poids.
Ensuite, la nature fragmentaire de la pièce me permet (voire me force) à combiner librement de nombreux outils technologiques pour développer le matériau. Pour pouvoir travailler rapidement avec une grande quantité de matériau, j’ai développé un ensemble de patchs et de scripts dans lesquels je peux injecter le matériau et vite en tirer quelque chose
Sebastian Adams, note de programme du concert Cursus du 16 septembre 2022 au 35-37