Éric Maestri, Crossing the line, pour orchestre de chambre

Le titre possède une double signification – existentielle et musicale. En tentant d’inscrire la totalité de l’œuvre dans une idée formelle unique, j’ai rencontré les difficultés auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement : problèmes sentimentaux, relations aux autres, etc., problèmes où nous sommes en butte à l’invisible, lequel, cependant, conditionne notre vie. D’où l’idée formelle de cette oeuvre : une compression et une dilatation du matériau autour d’une ligne qui, visible parfois, mais le plus souvent cachée, demeure néanmoins au centre du discours musical. La musique s’articule autour de ce pivot ; elle se divise en trois macrosections, prolongées par un finale, constamment caractérisées par des traitements harmoniques différents. Le finale porte le titre d’Épilogue - morale de Lafcadio. Mais une autre (et double) interprétation reste possible : le finale constitue la « morale » du morceau, il le clôt en lui conférant une cohérence mais il représente aussi un résumé du processus musical dans son ensemble. Une répétition « gratuite» de l’idée musicale qui m’a rappelé le personnage de Gide, lui-même au-delà de la morale commune, capable d’actions gratuites, sans but, vécues comme telles. Dans ce sens, le finale ne conclut pas la pièce mais propose l’un des commentaires possibles./Eric Maestri