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Nous avons déjà collaboré sur plusieurs films. Notre démarche artistique se fonde sur le croisement des représentations : l’image visuelle comme source du mouvement et de la structuration du musical, et, à l’inverse, le son-image, l’écoute d’un temps musical productrice de signes, de formes en mouvement, de narrations virtuelles.
Le cinéma comme la musique constitue un langage articulé, raconte des histoires et produit des images mentales au-delà des perceptions sensorielles. Si, au-delà de l’écriture du scénario, la technique de réalisation de l’image visuelle se fonde sur une approche empirique, à travers les rushes et le montage, celle du compositeur repose sur une abstraction du sonore - la partition, l’outil de description du sonore électronique - mais relève d’une même mobilisation de l’appareil mental : voir le film de ce que l’on imagine entendre. Composer. Imaginer le flux sonore.
De l’empirisme du réalisateur au formalisme symbo- lique du compositeur se construisent toutes sortes d’interactions, de transformations, de l’un par l’autre, de l’un pour l’autre, de l’un avec ou contre l’autre, pour faire advenir un champ de forces: la poétique propre à l’image synesthésique. Le surgissement d’un «tiers perçu » : l’art audiovisuel.

Pierre Schœller, né en 1961, étudie les lettres modernes et le cinéma avant de se former à l’École Louis Lumière de Paris. Premier court-métrage, coréalisé avec Olivier Wahl : Basse Température (1984), puis Deux amis (1996) avec Michael Lonsdale et Jean Mercure. Il devient scénariste d’une série de téléfilms. Au cinéma, il planche sur des premiers films ancrés dans le social: L’Afrance (2001), Quand tu descendras du ciel (2003) et De particulier à particulier (2006). Retour à la réalisation pour le téléfilm Zéro défaut (2003). Son premier long-métrage, Versailles (2008), est une chronique humaniste de vagabonds contemporains puis L’Exercice de l’État(2011) pénètre les arcanes du pouvoir et de l’adrénaline étatique.

Philippe Schoeller, né en 1957, est compositeur. Il est l’auteur de plus de 80 œuvres jouées dans le monde entier par de nombreux ensembles dont l’Orchestre Philharmonique de Birmingham, l’Orchestre du SWR Freiburg/Baden-Baden, l’Orchestre du Hessischer Rundfunk Frankfurt, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Ensemble intercontemporain, l’Ensemble Modern. Il a composé en lien avec l’Ircam, au cours de près de vingt années, un tryptique d’œuvres associant instruments et électronique : Feuillages pour ensemble orchestral et électronique spatialisée (1992), Vertigo Apocalypsis, oratorio pour chœur mixte, orchestre et électronique spatialisée (1997), Operspective Hölderlin, pour soprano, qua- tuor à cordes et WFS (2009).