Participants
  • Carine Bonnefoy (conférencier)

En nous plaçant de notre point de vue de compositrice et de musicienne, il apparaît que l’œuvre acquiert sa forme sonore dans la confrontation assumée du compositeur, certes à son propre matériau, mais également, de manière inéluctable, à l’espace des timbres. Au sein de cet espace timbral, les personnalités musiciennes des instrumentistes, outre le fait de se poser en tant que sources inspiratrices, imposent les conditions d’une résolution harmonique et spatiale de l’œuvre.
Dans le cas précis de nos expériences acoustiques, le phénomène harmonique et au-delà, l’espace harmonique, s’observe selon une ligne délicate qui se joue entre ce qui est externe à l’œuvre (un modèle, un système, des codes, des habitudes) et ce qui lui est interne, c’est-à-dire la combinatoire même de ses éléments constitutifs (intervalles, timbres, personnalités, positionnement scénique). Cette combinatoire engendre une traduction, des traductions possibles de l’espace harmonique. Il s’agira, lors de cette présentation, d’exposer des cas de figures précis et d’évaluer ce en quoi ces considérations peuvent avoir une incidence sur notre pratique de la composition en jazz aujourd’hui.

Espace et pensée formelle dans la création musicale

Les compositeurs ont pris conscience, au cours du vingtième siècle, de l’importance de la notion d’espace dans la manière de penser la musique. Ce « nouvel espace sonore », dont le sous-titre du manifeste de Pierre Boulez se faisait l’écho, a été revisité de mille manières, avec l’idée que c’est dans la conscience déterminée des dimensions de sa spatialité que la musique pourrait se confronter avec les défis que pose son écriture.
Comment les conceptions de l’espace interfèrent-elles avec la conception des œuvres ? Le propos de ce séminaire sera d’explorer différents aspects de cette question, en soulignant le sens qu’elle permet de donner à l’élaboration de la forme.

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