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Pour mon intervention je voudrais interroger l’absoluité de l’œuvre-en-vérité ‘simple’ qu’est l’improvisation dans le jazz, poussée à son degré le plus haut de structuration conceptuelle sonore. De ce fait, je me concentrerai sur la construction d’une axiomatique vernaculaire dans les œuvres de maturité de John Coltrane.

L’élaboration systématique ‘des protocoles formels strictement puisés à la ressource artistique’ (IdV 546) qu’on retrouve chez Coltrane relève tout compte fait d’une coupure épistémologique, d’un événement, autrement dit d’un break qui serait - selon les mots de Coltrane - ‘Out of This World’ et qui opèrerait dans la musique de Coltrane à partir de 1960. Tout en refusant catégoriquement la réduction identitaire dominante qui verrait dans le jazz l’expression immédiate d’une identité culturelle quelconque, il s’agira au contraire de suivre l’incorporation d’une puissance informe à une série de formalisations vernaculaires (procédé préalable, par ailleurs, à toute compréhension adéquate du contenu politique de l’événement Coltrane).

Ces indexifications vernaculaires de l’absolu présentent, effectivement, un degré d’absolutisation très poussé, ‘portant sur l’universalité de la perception’ (546). Ce sont des processus improvisés qui exigent la conceptualisation par des analyses rapprochées de la production sonore matérielle, aussi bien internes que par rapport aux matériels musicaux hérités et retravaillés.

L’exemple de cette musique improvisée servira donc de contrepartie non-écrite, face à l’exemple-clé de Badiou qu’est la partition (relativement ‘impure’) du Merle noir de Messiaen (IdV 551-59). Nous verrons que ces improvisations-événements épousent à maints égards l’analyse de Badiou du Merle noir, tout en produisant des procédés d’absoluité tout à fait singuliers.

Alain Badiou : l'hypothèse du contemporain - jour 1

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