Colloque

  • Saison 2023-2024 - None - None > Musique et maladie
  • Oct. 19, 2023
  • Ircam, Paris
  • Program note: Musique et maladie
Participants
  • Luc Robène (conférencier)
  • Solveig Serre (conférencière)

Les choix idéologiques, politiques et artistiques qui ont amené le punk à se positionner en grand déconstructeur de l’ordre social, dans les années 1970, avant de repenser l’avenir du monde à partir des années 1980, n’ont pas été sans conséquences sur la santé de ceux qui portaient haut et fort les messages de la subversion punk. À l’image du « No Future » qui deviendra le slogan d’une génération, et parce que cette antienne catalysait le mal-être d’une génération, le recours aux paradis artificiels, à l’alcool et plus encore à des combinaisons bricolées à partir de substances chimiques (trichlo), médicamenteuses (coupe-faim, Captagon), avant que ne s’abatte le fléau de l’héroïne (French Connection), a balisé les trajectoires des artistes, des musiciens, des écrivains et des publics du punk.
L’une des conséquences directes de ce phénomène fut l’hécatombe d’overdoses, et plus largement de maladies associées aux addictions qui frappèrent une partie de la scène punk. Dans les années 1980, le sida, l’hépatite C ou les pathologies psychiatriques ont durement touché les communautés punk. Des destins lumineux et tragiques comme celui de Mano Solo illustrent ce cheminement et invitent à revenir sur la dialectique de construction/déconstruction qui a marqué le punk en France alors que les artistes porteurs de critiques envers la société, mais également chargés de promesses d’avenir, subissaient les conséquences des choix de vie que supposaient en pratique, ou de manière plus idéologique, le fait d’inscrire ses actes dans le sens de la rébellion, de la résistance à l’ordre établi ou de la désobéissance civile et artistique.
Fondée sur un corpus large d’archives mobilisant autant les œuvres que le discours sur les œuvres et les trajectoires, notre communication se propose de revenir sur cet alliage à la fois tragique et emblématique qui consiste à se perdre dans la création, parce que la création est envisagée comme le seul viatique à la survie possible dans un monde que l’on imagine sans espoir. Il s’agira d’étudier le rapport entre musique et maladie en sériant ce qui, au cœur du punk et des générations qui ont accompagné durant un demi-siècle les transformations de ce mouvement, permet de comprendre la maladie comme consubstantielle des formes de résistances qui structurent le punk.

Musique et maladie : jour 1

Entre histoire de la musique, histoire de la médecine et philosophie des sciences dans le monde occidental, ce colloque international se propose d’interroger les conditions et les méthodes de leur dialogue à l’âge moderne, du XVIIIe siècle à nos jours : études de cas, pathographies d’artistes, maladies et représentations du malade à l’opéra, spécialités médicales, psychiatriques, cardiologiques ou pneumologiques, à l’aune de l’œuvre… Comment comprendre la place accordée à la musique et au musicien dans les écrits médicaux, qu’ils relèvent de l’anatomie, de la physiologie ou de la thérapie ? Que retenir de l’intérêt des artistes eux-mêmes pour les sciences médicales ? Prises au sérieux et non réduites au rang de curiosités, ces questions ouvrent un vaste champ d’études, celui du corps du musicien, créateur aussi de symptômes.

Comité scientifique :
- Vincent Barras (Institut des humanités en médecine, Lausanne)
- Laurent Feneyrou (CNRS – STMS, Paris), Céline Frigau Manning (Université Jean Moulin Lyon 3 – IHRIM)
- Philippe Lalitte (Sorbonne Université – Iremus – Collegium Musicae, Paris)
- Emmanuel Reibel (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris – École normale supérieure de Lyon).

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