La société française des xixe et xxe siècles a vécu l’essor des humanités (philosophie, sociologie, anthropologie, histoire, etc.) et des sciences (mathématiques, physique, psychologie, psychiatrie, etc.). Cette effervescence des connaissances s’est également diffusée dans le domaine des arts. Si les humanités et les sciences ont exercé une influence sur les domaines artistiques, l’inverse est également vrai. Plusieurs scientifiques ont effectué des expérimentations afin de savoir si la musique avait des effets sur l’être humain, sain et malade. Certains en ont même fait un remède aux maux de ventre, à la circulation sanguine, aux sautes d’humeur, etc.
Aux xixe et xxe siècles, des médecins-aliénistes ont établi des liens entre des maladies psychiques et physiologiques et la musique qui pouvait soit provoquer la maladie, soit prendre part à son traitement par son caractère hypnotique ou stimulant. Dans le cadre de ma communication, je présenterai de quelle manière la musique faisait partie du traitement d’une pathologie spécifique, celle de l’hystérie. Pour ce faire, 1) j’établirai une définition historique de l’hystérie, de ses symptômes, de ses phases et de ses traitements ; 2) j’approfondirai les fonctionnements et la place accordée à la musicothérapie dans les traitements thérapeutiques exercés en France sous la Troisième République ; 3) je présenterai finalement une étude de cas de l’application d’une musicothérapie par Paul Richer sur les patientes de l’école de la Salpêtrière diagnostiquées comme hystériques.

Musique et maladie : jour 1

Entre histoire de la musique, histoire de la médecine et philosophie des sciences dans le monde occidental, ce colloque international se propose d’interroger les conditions et les méthodes de leur dialogue à l’âge moderne, du XVIIIe siècle à nos jours : études de cas, pathographies d’artistes, maladies et représentations du malade à l’opéra, spécialités médicales, psychiatriques, cardiologiques ou pneumologiques, à l’aune de l’œuvre… Comment comprendre la place accordée à la musique et au musicien dans les écrits médicaux, qu’ils relèvent de l’anatomie, de la physiologie ou de la thérapie ? Que retenir de l’intérêt des artistes eux-mêmes pour les sciences médicales ? Prises au sérieux et non réduites au rang de curiosités, ces questions ouvrent un vaste champ d’études, celui du corps du musicien, créateur aussi de symptômes. Comité scientifique : - Vincent Barras (Institut des humanités en médecine, Lausanne) - Laurent Feneyrou (CNRS – STMS, Paris), Céline Frigau Manning (Université Jean Moulin Lyon 3 – IHRIM) - Philippe Lalitte (Sorbonne Université – Iremus – Collegium Musicae, Paris) - Emmanuel Reibel (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris – École normale supérieure de Lyon).