J'ai toujours eu une attirance particulière pour les instruments graves et, plus récemment, pour les instruments à cordes : d'abord, pour le violoncelle dans Chaque jour n'est qu'une trêve entre deux nuits... Chaque nuit n'est qu'une trêve entre deux jours... (1990), puis l'alto dans From the leaves of shadow (1991), le violon dans ...prisme / incidences... (1998) et aujourd'hui la contrebasse. Dans Bebung (1995), je partais d'un balancement oscillatoire autour d'une note. Ici, le point de départ est un phénomène sonore particulier, le pizzicato harmonique. J'ai déjà eu l'occasion de l'expérimenter dans certains passages de Formes-Fragments IIb (1999) où ce mode de jeu était transformé par le dispositif électronique au moyen de filtres MSP.
Auparavant, je m'étais intéressé de près au travail sur les harmoniques, notamment dans l'écriture pour violon. La contrebasse permet quant à elle d'accroître encore cette recherche puisque, du fait de la longueur des cordes, l'éventail des harmoniques partiels est extrêmement large. L'instrument autorise également des effets d'harmonies complexes, sous forme de balayages ou de halos sonores, un peu à la manière du travail sur les sons multiphoniques mis en œuvre dans Assonance (1983), ma pièce pour clarinette seule. C'est souvent à partir de tels phénomènes sonores que je parviens à établir des agencements « rhizomatiques », me déplaçant dans l'écriture d'un élément à l'autre, sans jamais perdre le fil de ce qui précède et de ce qui est à prévoir.
Michaël Jarrell, éditions Lemoine.