L'image sonore d'espaces multiples résonnants de façon hétérogène était le point de départ pour la composition d'espaces glissants. Le mot « espace » évoque une zone délimitée dans laquelle on peut entrer ou de laquelle on peut sortir et, en même temps, évoque une large surface presque illimitée. Si nous passons du territoire géométrique à celui, plus fluide, du son, les frontières et les oppositions deviennent immédiate ment plus lisses : ici, c'est le lieu où le son acoustique de l'ensemble et les projections de l'électronique convergent. Les deux entités accumulent l'énergie et la dévient dans un autre espace, puis ensuite dans un autre et ainsi de suite. L'ensemble et l'électronique construisent lentement ces espaces, ils sont immergés en eux : mais en sont-ils adjacents ? continus ? supersposés ? incohérents ? En jouant avec la continuité de la macro-forme et la discontinuité des éléments musicaux individuels, la trajectoire de la pièce avance sans revenir au point initial.
Le dispositif électronique sur scène et dans la salle de concert a été essentiel pour la réalisation de la pièce. Les haut-parleurs situés sur la scène, disposés très près des instrumentistes, suggèrent la possibilité de fusionner le son acoustique des instruments avec leurs extensions à travers l'électronique live. Les haut-parleurs situés dans la salle contribuent à souligner la physicalité du son dans l'espace, c'est-à-dire l'espace de l'auditeur qui y est immergé.
La pièce a été réalisée dans une assez longue période de temps. Le temps de la composition sur le papier et le temps de travail en studio à l'Ircam ont été complètement entremêlés ; l'alternance de ces deux dimensions du travail de composition ont renforcé la fusion entre la partie instrumentale, le son électronique et le glissement imperceptible d'un espace vers l'autre.
Marta Gentilucci. Traduction : Brice Pauset.
Avec l'aimable autorisation de l'Ensemble Contrechamps.