L'exploration sonore dans Masse-Métal se fait par vagues régulières et « processuelles »par le biais de blocs de sons métalliques, compacts et denses. Le modèle de la saturation électronique présent tout au long de la pièce a ici une fonction capitale. Tout d'abord, il s'agit de trouver des solutions instrumentales pour se rapprocher le plus possible de la saturation électronique. Différentes combinaisons sont exploitées : par blocs avec des groupes orchestraux mais aussi avec des groupes d'instruments plus isolés et moins nombreux pouvant aller jusqu'au duo. Les résultats ainsi obtenus n’offrent que de troublantes ressemblances avec la saturation électronique. Le modèle, jamais atteint, ne propose donc que des possibilités d'écritures pour les instruments qui trouvent ainsi leurs propres modes de saturation instrumentale, leurs propres identités.
Ce travail sur la saturation instrumentale trouve aussi une résonance plus personnelle. L'utilisation de dynamiques extrêmes, d'une orchestration souvent brouillée, alternée avec des sons d'une très grande expressivité est aussi pour moi une quête d'une compréhension du réel. Quel est le son de notre époque et quelle est son énergie ? Cette recherche d'une énergie sonore inouïe est aussi un moyen de me rapprocher le plus possible du son de mon temps, d'en ressaisir la violence pour mieux l'appréhender.
Raphaël Cendo.