Qohèlèt est inspirée du livre de l'ancien testament du même nom. Qohèlèt, l'Ecclésiaste en hébreu, est le livre qui m'a le plus fasciné dans ma lecture tardive de la Bible. Pour cette pièce, j'ai utilisé une traduction américaine, et celle d'André Chouraqui où « fumée de fumées, tout est fumée » remplace le fameux « vanité de vanités, tout est vanité ». Chouraqui pour qui le mot fumée semble mieux traduire le habel hébreu (à mon sens, on perd quand même la poésie et le rythme de « vanité »), souligne que le mot vanité prète à confusion. Ce qui est vain est ce qui est sans valeur et « parler de vanité implique un jugement de valeur ». Or le mot habel (fumée), est particulièrement concret.
« Qohèlèt ne porte pas de jugement de valeur sur le réel, il dresse un constat : tout est fumée ». La pensée de l'Ecclésiaste est donc beaucoup plus métaphysique que moralisante. Je n'en dirai pas plus sur Qohèlèt car « les jeux intellectuels de ses commentateurs sont souvent, eux aussi, fumée ! ».
La pièce, en trois parties, est écrite pour mezzo-soprano, percussions, dispositif Macintosh direct-to-disk et Station d'informatique musicale de l'Ircam. Bien qu'ayant favorisé, dans le travail de création des sons, la synthèse par modèle physique (Mosaïc), j'ai aussi utilisé plusieurs autres logiciels développés à l'Ircam (Specdraw, SVP, Max, Chant, Patchwork), aussi bien que des programmes commerciaux (ProTools, Turbosynth...).Ainsi, je n'ai pas été lié à un type de synthèse ou d'assistance informatique particulier, mais, au contraire j'ai pu choisir pour chaque aspect de ma pièce la solution qui pouvait au plus près servir ma pensée musicale.
Pierre Charvet.