Parcours de l'Ɠuvre de Qigang Chen

par Pierre RigaudiĂšre

Il est souvent tentant, lorsque se manifeste chez un crĂ©ateur un double hĂ©ritage culturel, d’en faire le terreau d’une supposĂ©e dĂ©marche, aussi consciente qu’inĂ©luctable, de synthĂšse esthĂ©tique. Qigang Chen, que son enfance en Chine a imprĂ©gnĂ© de culture traditionnelle, notamment de musique, de peinture et de calligraphie mais aussi, par l’entremise de sa mĂšre, de piano occidental, semble dĂšs le plus jeune Ăąge relever de cette caractĂ©ristique biculturelle. Si l’on considĂšre son apprentissage dans un cadre acadĂ©mique tournĂ© vers l’Occident, avec une prĂ©fĂ©rence pour le systĂšme Ă©ducatif soviĂ©tique, puis la culture propagandiste promue par la RĂ©volution Culturelle chinoise, puis les annĂ©es passĂ©es au sein d’un Conservatoire Central de nouveau curieux de l’avant-garde occidentale, puis enfin l’arrivĂ©e en France et une boulimie de rencontres et dĂ©couvertes musicales, Chen paraĂźt en effet prĂ©disposĂ© par son parcours Ă  une sensibilitĂ© polyculturelle.
Pourtant, la tendance assez rĂ©pandue qui consiste Ă  le prĂ©senter comme un compositeur dont la dĂ©marche serait centrĂ©e sur une synthĂšse musicale de l’Asie et de l’Occident, et que son professeur Olivier Messiaen lui-mĂȘme a largement contribuĂ© Ă  installer, semble, sinon biaisĂ©e, tout du moins schĂ©matique. Plus qu’une dĂ©marche dĂ©libĂ©rĂ©e et formalisĂ©e, les interactions entre cultures musicales apparaissent plutĂŽt, on le verra au fil de ce parcours, tantĂŽt comme des rĂ©surgences, tantĂŽt comme la rĂ©action spontanĂ©e Ă  des influences ponctuelles ou plus profondes, avant de faire progressivement l’objet d’une sĂ©dimentation lente. Se dĂ©finissant par la mĂ©taphore d’un « arbre chinois implantĂ© en France », le compositeur exprime clairement l’idĂ©e d’une identitĂ© culturelle dĂ©terminĂ©e autant par un donnĂ© initial que par son adaptation Ă  un substrat et Ă  un environnement, sans que ce processus ne semble impliquer un effort spĂ©cifique de synthĂšse. Peut-ĂȘtre cette mĂ©taphore renvoie-t-elle implicitement au fait qu’un mĂ©tissage culturel n’est jamais le fait d’un individu, mais celle d’une collectivitĂ© et d’une histoire.

Contexte et formation initiale

Bien qu’interprĂšte expĂ©rimentĂ©, Qigang Chen commence ses Ă©tudes de composition au Conservatoire Central de PĂ©kin avec le bagage d’un autodidacte dont on peut supposer qu’il a difficilement eu accĂšs Ă  des partitions et des enregistrements. Une piĂšce composĂ©e au dĂ©but de cette pĂ©riode de formation acadĂ©mique, aujourd’hui retirĂ©e du catalogue bien qu’elle soit manifestement jouĂ©e en Chine, offre un tĂ©moigne intĂ©ressant de son horizon compositionnel Ă  cette Ă©poque. L’aisance avec l’écriture de la clarinette, instrument qu’il pratique, ne masque guĂšre dans 晚歌 [Chen ge] (Chant du matin, 1979) la maladresse dont il fait preuve dans l’écriture du piano ni, dans un cadre fondamentalement tonal, les zones de flou harmonique. Une structure ternaire assez rudimentaire fait entendre une partie centrale suggĂ©rant dans un style passablement pompier une danse, avant la reformulation de la premiĂšre section oĂč surgit, outre l’influence patente de Debussy, celle du Beethoven de la cĂ©lĂšbre sonate Op. 27/2. De façon significative, le compositeur manifeste dĂ©jĂ  un goĂ»t prononcĂ© pour les harmonies consonantes et hĂ©donistes.

La transplantation

DĂ©cisives non seulement pour la carriĂšre de Chen mais aussi pour son intĂ©gration Ă  la scĂšne française de la crĂ©ation musicale, les annĂ©es passĂ©es auprĂšs d’Olivier Messiaen naissent d’un enchaĂźnement de coups de chance oĂč le compositeur a voulu voir la marque du destin. DĂšs 1985, les partitions de Chen tĂ©moignent de l’assimilation de certains Ă©lĂ©ments de langage thĂ©orisĂ©s par Messiaen, et en premier lieu des « modes Ă  transposition limitĂ©e ». Le souvenir (1985) pour flĂ»te et harpe est typique d’une pratique qui restera quasi constante chez le compositeur, Ă  savoir le rapprochement de ces modes et du pentatonisme. De façon manifeste, le choix des deux instruments, et surtout leur traitement, renvoie Ă  l’idiomatisme d’instruments traditionnels chinois : la harpe se rĂ©fĂšre manifestement Ă  la cithare guqin, dont le jeu est traditionnellement plus sobre que celui du guzheng, tandis que la flĂ»te figure le xiao qui lui est couramment associĂ©.
Avec Yi (1986), le compositeur entame de façon encore plus volontaire une dĂ©marche d’expĂ©rimentation tout en conservant le socle de son instrument. En pleine phase de dĂ©couverte, il se montre alors rĂ©ceptif aux traits les plus saillants de la musique « contemporaine », quitte Ă  en retenir prioritairement certaines scories. On note successivement, dans cette piĂšce oĂč alternent sĂ©quences dynamiques et harmonies stationnaires, une Ă©criture rythmique qui dissocie diffĂ©rentes strates de vitesse, le geste du canon rythmique, des mĂ©canismes inspirĂ©s en droite ligne du second quatuor de Ligeti, des oscillations sur deux notes disjointes, des esquisses de micropolyphonie. Cette tendance provisoire au mimĂ©tisme inclut Ă©galement quelques moments pointillistes qui ne tarderont pas Ă  disparaĂźtre des partitions ultĂ©rieures.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que ce Qigang Chen qui manifeste une curiositĂ© boulimique au point de frĂ©quenter simultanĂ©ment les leçons privĂ©es de Messiaen, l’École Normale de Musique et la Sorbonne n’est pas un Occidental et aborde cette musique europĂ©enne selon une perspective biaisĂ©e, dĂ©centrĂ©e qui lui permet Ă©galement, en conservant par rapport Ă  elle une certaine extĂ©rioritĂ©, de n’avoir ni Ă  adhĂ©rer Ă  quelque dogme que ce soit, ni Ă  s’y opposer frontalement. Le compositeur semble toujours avoir traduit Ă  sa façon ce qu’il observait, de sorte qu’il a de facto maintenu une distance suffisante pour garder son autonomie. C’est dans ce contexte que Chen apprend Ă  ĂȘtre soi-mĂȘme, se forgeant ses propres outils d’une façon plutĂŽt empirique, la façon la plus directe et la plus Ă©vidente de le faire Ă©tant pour lui, comme en tĂ©moigne sa musique, de rĂ©introduire de façon plus lisible des caractĂ©ristiques propres Ă  la musique traditionnelle chinoise, qui du reste n’auront jamais Ă©tĂ© totalement absentes de sa musique. Ainsi Voyage d’un rĂȘve (1987), oĂč apparaissent de nouveau, entre autres instruments, la flĂ»te et la harpe dont on a dĂ©jĂ  vu la connotation, reflĂšte l’état d’esprit d’un compositeur qui semble dĂ©jĂ  rĂ©fractaire Ă  l’idĂ©e de s’installer dans une dĂ©marche avant-gardiste dont il ne ressent pas la nĂ©cessitĂ©. En expĂ©rimentant dans cette piĂšce la prĂ©sentation dodĂ©caphonique du pentatonisme, Chen est plus proche du compromis que de la synthĂšse.
Le compositeur signe avec Yuan sa premiĂšre Ɠuvre vĂ©ritablement marquante. À cette Ă©poque oĂč il cĂŽtoie certains compositeurs de la mouvance spectrale (notamment Marc-AndrĂ© Dalbavie et Philippe Hurel, condisciple dans la classe d’Ivo Malec) et rencontre GĂ©rard Grisey, il est probablement sensibilisĂ© Ă  une Ă©criture Ă  la fois fusionnante et unifiĂ©e par un matĂ©riau homogĂšne. De George Benjamin, dont il mentionne plus spontanĂ©ment l’influence, et dont il ne connait probablement, dans cette dĂ©cennie, que Ringed by the Flat Horizon et At first Light, on peut supposer qu’il a perçu la sophistication polyphonique. Dans cette piĂšce orchestrale oĂč le compositeur divise l’orchestre en groupes pour favoriser un effet de spatialisation, s’affiche une tendance plus marquĂ©e que dans toute autre de ses Ɠuvres, antĂ©rieures et ultĂ©rieures, Ă  dĂ©velopper une Ă©criture globalisante. Si on relĂšve, quoique de façon peu prononcĂ©e, l’influence des piĂšces de textures de Ligeti, celle de Messiaen est plus patente, notamment dans le recours aux accords dits « tournants ». PlutĂŽt qu’une influence durable, des allusions aux Notations de Boulez suggĂšrent un intĂ©rĂȘt passager mais vif pour une musique dont on devine le fort impact qu’elle a pu avoir sur lui. Cependant, malgrĂ© sa tendance globalisante, l’écriture de Yuan revient pĂ©riodiquement Ă  la mĂ©lodie. S’y dessine dĂ©jĂ , dans l’exposition initiale du matĂ©riau harmonique, la prĂ©dilection pour le pentatonisme, prĂ©sent Ă©galement dans quelques Ă©lans de lyrisme qui deviendront une marque de fabrique. En dĂ©pit des rĂ©serves que l’on peut Ă©mettre quant Ă  sa construction, cette piĂšce rĂ©vĂšle une personnalitĂ© musicale inventive, et peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le chef-d’Ɠuvre du compositeur.
Comptant parmi les incursions pas si frĂ©quentes de Chen dans le domaine vocal, PoĂšme lyrique II (1990) recourt pour le baryton Ă  une vocalitĂ© qui fait Ă©cho, quoique de façon stylisĂ©e, Ă  celle de l’opĂ©ra chinois. Parlando et passage en falsetto, diffĂ©renciation de trois types de vibrato sont autant de moyens de communiquer au poĂšme de Su Shi (1037-1101), Shuidiao ge tou, une dimension thĂ©Ăątrale. Parmi l’ensemble instrumental, le trio mandoline-harpe-guitare pourrait passer pour une rĂ©fĂ©rence wĂ©bernienne ou boulĂ©zienne, mais elle renvoie plutĂŽt aux cithares et luths chinois. Peut-ĂȘtre est-ce Ă©galement la thĂ©ĂątralitĂ© de cette piĂšce qui oriente l’écriture instrumentale vers des textures dont est quasiment exclue la polyphonie, au profit de textures majoritairement peu denses et statiques fonctionnant comme un environnement sonore. Au tournant de cette dĂ©cennie, Chen semble encore hĂ©siter entre les attributs d’une modernitĂ© identifiable comme telle, notamment quelques audaces atonales, et la mobilisation de sa culture musicale chinoise. Il entretient adroitement l’ambiguĂŻtĂ© de ces deux registres : les glissandos des cordes, comme leur vibrato modulĂ©, ainsi que les lĂ©gĂšres touches de microtonalitĂ© appartiennent potentiellement aux deux mondes. Quant au pentatonisme harmonique, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© comme un Ă©lĂ©ment stylistique destinĂ© Ă  prendre une place croissante dans sa musique, il en fait dĂ©jĂ  un Ă©lĂ©ment de langage Ă  la forte valeur idiomatique et Ă©vocatrice, ainsi qu’un matĂ©riau susceptible, une fois intĂ©grĂ© Ă  des processus de dĂ©veloppement assez peu complexes, d’ĂȘtre mis en relation avec le chromatisme par des entitĂ©s modales inspirĂ©es de Messiaen.
Feu d’ombres (1990-91) semble confirmer le retentissement de certaines des Notations sur le compositeur, probablement sous la forme des quatre rĂ©Ă©critures orchestrales alors rĂ©alisĂ©es. Alors qu’il semble encore aux prises avec sa reprĂ©sentation implicite des canons de la musique contemporaine, Chen rĂ©ussit cependant Ă  insuffler au dernier tiers de la piĂšce une teneur plus originale et personnelle.

Autonomie et premier succĂšs

Les annĂ©es 1990 voient le compositeur prĂ©ciser et affirmer son identitĂ© esthĂ©tique, assumant alors un langage plus consonant et plus ouvertement thĂ©matique qui multiplie les rĂ©fĂ©rences Ă  Debussy et Ravel et rĂ©vĂšle un ancrage assez profond dans le systĂšme modal de Messiaen. Si Extase (1995) met en scĂšne un hautbois solo dont les portamentos et les dĂ©viations microtonales peuvent Ă©voquer le jeu du guanzi, hypothĂšse renforcĂ©e par un usage des percussions qui rappelle lui aussi la tradition chinoise, les caractĂ©ristiques debussystes, tant en matiĂšre d’orchestration que de structuration des motifs, y sont trĂšs prĂ©sentes. Cependant, ce qu’il y a de plus remarquable avec cette Ɠuvre concertante est qu’elle cristallise dĂ©jĂ  l’essentiel des marques stylistiques prĂ©sentes dans la quasi-totalitĂ© des compositions ultĂ©rieures. On compte parmi celles-ci : l’utilisation thĂ©matique de motifs simples, faits de quelques notes et immĂ©diatement mĂ©morisables, le dĂ©veloppement intensif de ces motifs (principalement par transposition, par rĂ©duction ou par extension), leur dĂ©multiplication par projection aux diffĂ©rents pupitres ; l’épiphanie, Ă  un moment clĂ© de l’Ɠuvre, du thĂšme Ă©noncĂ© sous sa forme complĂšte et de façon triomphale ; la prĂ©sence d’un motif secondaire, Ă©ventuellement dĂ©rivĂ© du motif principal, utilisĂ© de façon giratoire et rapide comme figure d’accompagnement en ostinato ; une Ă©criture orchestrale, dans un tel contexte concertant, qui favorise les textures d’arriĂšre-plan (nappes, chambre de rĂ©sonance ou d’écho de notes structurelles) et ne recourt que trĂšs peu Ă  la polyphonie de lignes ; une conduite harmonique procĂ©dant du fondu-enchaĂźnĂ© de couleurs et impliquant ce que l’on peut dĂ©crire comme un polypentatonisme ; une fin marquĂ©e par un geste cadentiel se rĂ©fĂ©rant de façon indirecte Ă  l’archĂ©type de la cadence parfaite. On peut dater de cette piĂšce la volontĂ© manifeste du compositeur de s’adresser Ă  un public plus large, ce qui le pousse semble-t-il Ă  intĂ©grer, Ă  l’instar de son compatriote et ancien condisciple Tan Dun, certains ressorts des standards internationaux de la musique de film.
Cette base Ă©tant posĂ©e, Qigang Chen la dĂ©veloppe avec Reflet d’un temps disparu (1996), son Ɠuvre la plus jouĂ©e, la plus connue et la plus emblĂ©matique de l’esthĂ©tique de son auteur. VĂ©rifiant la totalitĂ© des caractĂ©ristiques Ă©noncĂ©es ci-dessus, ce concerto affirme avec une force qui n’avait pas Ă©tĂ© atteinte auparavant le lien du compositeur avec la musique traditionnelle chinoise. Issu du rĂ©pertoire de la cithare guqin, le thĂšme principal (Meihua san nong, « Trois variations sur la fleur de prunus »), passe au violoncelle en mĂȘlant les caractĂ©ristiques de jeu de la viĂšle erhu et de la cithare. Moins manifestes Ă  l’orchestre, les ponts tendus vers la musique instrumentale chinoise (notamment les techniques qui consistent Ă  Ă©touffer lĂ©gĂšrement la rĂ©sonance des cordes, et pour les vents Ă  baisser lĂ©gĂšrement l’intonation avant l’extinction de la note) n’en sont pas pour autant absents. On note cependant le bariolage en harmoniques aux cordes, figure ravĂ©lienne qui a de tout Ă©vidence marquĂ© le compositeur, l’utilisation du vibraphone avec un archet, qui commençait alors Ă  devenir un procĂ©dĂ© courant, et un zeste de bruitisme avec le souffle Ă  vide pour les vents. L’harmonie par taches de couleur ainsi que le polypentatonisme s’inscrivent ici dans une logique de transformation harmonique (par exemple la clartĂ© pentatonique Ă©mergeant d’un contexte chromatique) dont l’origine est de toute Ă©vidence Ă  chercher chez le Ligeti d’AtmosphĂšres. D’une façon cette fois plus systĂ©matique et qui laisse supposer une formalisation, le compositeur associe, et ce de façon dynamique, des groupements pentatoniques, Ă©ventuellement dĂ©fectifs, Ă  des transpositions de groupements de mĂȘme type, mais aussi Ă  des suites de hauteurs liĂ©es Ă  la sĂ©rie des harmoniques naturels. Un passage combinant deux groupes pentatoniques distants d’un demi-ton suggĂšre qu’il y aurait pour le compositeur une analogie directe avec les modes Ă  transposition limitĂ©e. Quant au moment Ă©piphanique de l’Ɠuvre, il est longuement prĂ©parĂ© par l’utilisation intensive de la quinte initiale du thĂšme empruntĂ© Ă  Meihua san nong, de sorte que son premier Ă©noncĂ© complet en fa majeur puis son exultation en do majeur (il sera mĂȘme dĂ©doublĂ© un peu plus tard par sa propre rĂ©plique, dĂ©calĂ©e, en mi majeur) prend une apparence quelque peu hollywoodienne. Justifiant un nouveau titre tant l’adaptation de la partie soliste Ă  la viĂšle erhu a demandĂ© sa rĂ©Ă©criture en profondeur, Un temps disparu (2002) offre un nouveau visage de la piĂšce qui d’une certaine façon, rend explicite ce qui Ă©tait latent dans la version originale.
ResserrĂ© par le format de la commande de Radio France (le format « Alla breve » de cinq fois deux minutes est presque devenu un genre en soi1), la suite orchestrale Wu Xing (1999) envisage les « cinq Ă©lĂ©ments » (l’eau, le bois, le feu, la terre, le mĂ©tal), en rapport notamment avec le Yi Jing, dans un processus de transformation. Évitant une dĂ©marche illustrative, le compositeur condense matĂ©riaux et Ă©tats pour dĂ©velopper une forme d’une fluiditĂ© jusqu’alors inĂ©dite qui inscrit la piĂšce dans une veine inventive comparable Ă  celle de Yuan.
Le passage Ă  l’an 2000 se signale pour Qigang Chen par une parenthĂšse chambriste au sein d’une sĂ©rie d’Ɠuvres avec orchestre, lesquelles traduisent autant l’intensification des commandes prestigieuses que la prĂ©dilection du compositeur pour le medium orchestral. C’est sur le principe du thĂšme – plus exactement du double thĂšme – et variations que repose Instants d’un Opéra de Pékin, oĂč l’écriture du piano rend encore plus lisible des influences que leur combinaison semble installer Ă  un niveau assez profond de l’écriture. Les colonnes de l’introduction empruntent autant Ă  Debussy qu’à Messiaen, comme le jeu sur les quintes consĂ©cutives disposĂ©es de façon Ă  multiplier les fausses relations. Les affinitĂ©s avec le premier, dont on trouve ici une probable allusion Ă  La cathĂ©drale engloutie, trouvent entre autres points d’accroche une tendance Ă  associer le pentatonisme Ă  un fragment de gamme par tons, tandis que la partie rapide centrale descend en droite ligne de la virtuositĂ© pianistique ligetienne.
Cette mĂȘme pĂ©riode, qui s’avĂšre particuliĂšrement fertile, est aussi marquĂ©e par le retour Ă  la voix, qui apparaĂźt dans la suite concertante Iris dĂ©voilĂ©e (2001) selon trois modalitĂ©s. Deux sopranos sont traitĂ©es alternativement de façon instrumentale ou lyrique, tandis qu’une chanteuse d’opĂ©ra de PĂ©kin dĂ©ploie la vocalitĂ© plus spĂ©cifique de ce genre Ă  la fois thĂ©Ăątral et lyrique, entre parlĂ©-intonĂ© et chantĂ©. Trois instruments solistes, pipa, guzheng, et erhu, renforcent la tonalitĂ© chinoise de ces neuf portraits de femmes mais on note dans l’accordage du second un Ă©cart par rapport Ă  la tradition, le compositeur ayant concatĂ©nĂ©, entre le si grave et le rĂ© aigu, diffĂ©rentes configurations pentatoniques pour produire une Ă©chelle non octaviante. Le matĂ©riau orchestral reflĂšte Ă  nouveau les influences cumulĂ©es de Ravel et de Messiaen, tout en intĂ©grant une petite touche d’alĂ©atoire contrĂŽlĂ©, mais surtout en penchant vers l’emphase expressive de la musique de film. La musique de ballet Raise the Red Lantern (2000) porte une trace tangible de sa composition concomitante, l’une de ses scĂšnes ayant Ă©tĂ© reprise de façon quasi littĂ©rale, moyennant une lĂ©gĂšre rĂ©orchestration, dans la section « Pudique » d’Iris dĂ©voilĂ©e. On mesure avec cette partition, qui en dĂ©pit de son statut de musique scĂ©nique ne manifeste aucune rupture stylistique ni mĂȘme formelle avec les autres Ɠuvres orchestrales du compositeur, la nature fondamentalement narrative de sa musique. Certes renforcĂ©e par la volontĂ© de produire une musique en phase avec la tendance spectaculaire de la mise en scĂšne de Zhang Yimou – auquel on doit Ă©galement le film Ă©ponyme de 1991 –, la piĂšce est structurĂ©e par tableaux et affiche un polystylisme qui est au cƓur de son langage musical. Cohabitent des pastiches de musique traditionnelle chinoise et une utilisation de la voix qui confirme l’intĂ©rĂȘt du compositeur pour la vocalitĂ© de l’opĂ©ra chinois, des scĂšnes d’action ou des scĂšnes mĂ©lodramatiques puisant dans les conventions de la musique pour l’écran, et des scĂšnes pĂ©tries par l’influence de Stravinsky. Quoique trĂšs prĂ©sent, le pentatonisme n’apparait que de façon minoritaire dans des textures monodiques ou hĂ©tĂ©rophoniques typiques, tant il est tonalisĂ©, assorti de dissonances ou extrapolĂ© dans une superposition polypentatonique. S’il le recontextualise volontiers, le compositeur respecte l’idiomatisme des instruments traditionnels impliquĂ©s dans la piĂšce, notamment le erhu, le guanzi, le pipa et un orgue Ă  bouche sheng qu’il fait entendre en quartes parallĂšles. SuggĂ©rĂ© vraisemblablement par les moments dansĂ©s les plus rythmiques, l’usage des percussions occasionne un intĂ©ressant alliage de sonoritĂ©s traditionnelles et d’impacts plus massifs Ă  la façon de VarĂšse, puis une scĂšne particuliĂšrement efficace pour percussions solistes.
Peut-ĂȘtre est-ce l’association peu habituelle de six voix mixtes et d’un grand orchestre qui place le compositeur dans une position oĂč il semble hĂ©sitant, rĂ©unissant dans Invisible voices (2005) une vocalitĂ© statique qui se souvient de O’King de Berio, une verticalitĂ© consonante, un thĂšme tĂ©tratonique omniprĂ©sent, des onomatopĂ©es et la fugace intrusion de parlando et de cris, une partie rythmique trĂšs syllabique, une partie soliste de tĂ©nor accompagnĂ©e a cappella par les cinq autres voix et porteuse d’un texte minimaliste en anglais, une tempĂȘte orchestrale. Les passages d’effusion vocale ne sont pas si Ă©loignĂ©s du style pompier des Ɠuvres nĂ©es de la rĂ©volution communiste, qui affleurait dĂ©jĂ  dans L’éloignement (2003, rĂ©v. 2004), tandis que la conception formelle sectionnelle semble ĂȘtre le fruit d’un parcours narratif implicite.

Retour en Chine et consécration

La nette inflexion stylistique du compositeur correspond Ă  la pĂ©riode oĂč il renoue avec sa Chine natale, qui l’accueille artistiquement Ă  bras ouverts. S’agit-il alors pour lui du rĂ©sultat d’un examen de conscience – Chen commence alors Ă  invoquer les bienfaits d’une musique recevant l’acquiescement d’un trĂšs large public et brocarde ce qu’il considĂšre comme le paradoxe occidental des compositeurs qui aspirent Ă  ĂȘtre populaires tout en dĂ©fendant une certaine radicalitĂ© esthĂ©tique – ou d’un revirement ad hoc ? Toujours est-il qu’il bĂ©nĂ©ficie en tant que directeur musical des Jeux Olympiques 2008 d’une audience record, que sa chanson You and me fait le tour du monde et que cette visibilitĂ© soudainement dĂ©cuplĂ©e se prolongera avec les musiques composĂ©es en l’espace de cinq ans pour trois films de Zhang Yimou (Under the Hawthorn Tree, Flowers of War, Coming Home). En cela, Chen est reprĂ©sentatif de de cette gĂ©nĂ©ration pionniĂšre de compositeurs chinois dont la dĂ©marche aura en quelque sorte Ă©tĂ© validĂ©e en Occident avant qu’ils ne soient adoubĂ©s sur leur sol natal.
Le concerto Er Huang (2009, rĂ©v. 2016) bĂ©nĂ©ficie de cette dynamique, ce dont tĂ©moigne le simple fait qu’il ait Ă©tĂ© crĂ©Ă© au Carnegie Hall par Lang Lang, interprĂšte habituellement assez peu tournĂ© vers la crĂ©ation musicale. Sur une base harmonique telle qu’elle s’est stabilisĂ©e depuis les annĂ©es 1990, et dont l’un des traits les plus saillants rĂ©side dans un pentatonisme souvent susceptible d’ĂȘtre combinĂ© Ă  d’autres structures intervalliques, interviennent des mĂ©lodies d’opĂ©ra de PĂ©kin, affectivement liĂ©es aux souvenirs d’une enfance pĂ©kinoise. AprĂšs une phase harmonique assez capiteuse, le piano solo se met en mouvement avec un flux d’arabesques. Se dĂ©ploie un discours musical qui semble proposer un contenant, assez neutre, plutĂŽt qu’un contenu. Une virtuositĂ© qui Ă©voque tour Ă  tour le pianisme spectaculaire de Rachmaninov et un volontarisme rythmique empruntant autant Ă  Prokofiev qu’à Ligeti conduit au moment Ă©piphanique dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© comme constante stylistique, signalĂ© respectivement sur la partition par deux indications Ă©loquentes, « Lumineux » et « Splendide ». Le compositeur signe lĂ  ce qui reste probablement Ă  ce jour sa musique Ă  la fois la plus massive dans son orchestration et la plus formulaire quant Ă  son contenu.
À la mort accidentelle de son fils unique Yuli alors ĂągĂ© de 29 ans, le compositeur connaĂźt une phase d’anĂ©antissement et de prostration. C’est Ă  ce moment qu’il quitte provisoirement son domicile parisien pour Ă©lire domicile Ă  Suichang, dans la province chinoise du Zhejiang, oĂč il Ă©tablira plus tard son activitĂ© saisonniĂšre de transmetteur et de pĂ©dagogue. Il semble que ce temps de retraite, au sens spirituel du terme, ait modifiĂ© son rapport non pas tant Ă  la composition qu’à la conception de son rĂŽle de compositeur.
TrĂšs Ă©prouvant pour la trompette soliste, le concerto Joie Ă©ternelle (2013) voit resurgir une des influences les plus profondes, celle de Ravel, se manifestant dans danse stylisĂ©e, un solo de violon avec sourdine ou encore d’un souvenir de la Pavane pour une infante dĂ©funte, dont l’apparition dans le contexte qui vient d’ĂȘtre prĂ©cisĂ© n’est peut-ĂȘtre pas fortuite, mĂȘme si ce titre n’avait guĂšre d’autre rĂ©sonance pour le compositeur français que celle de ses assonances. Avec un matĂ©riau mĂ©lodique Ă  nouveau trĂšs colorĂ© par le pentatonisme, Enchantements oubliĂ©s (2014), oĂč le compositeur dit avoir voulu s’affranchir de toute contrainte ou rĂšgle, fait apparaĂźtre autant que la spontanĂ©itĂ© d’une Ă©criture au fil de la plume, ses limites formelles ainsi que l’importance exorbitante qu’y prend le motif, mĂȘme si le compositeur lui associe Ă©troitement harmonie et timbre.
DĂ©diĂ© au fils disparu en 2012 et composĂ© lors d’une nouvelle pĂ©riode d’isolement Ă  Suicheng, le concerto La joie de la souffrance (2017) est construit d’un seul bloc mais est nĂ©anmoins structurĂ©, ou plutĂŽt rythmĂ© par d’assez brĂšves sections dont les titres tissent une trame poĂ©tique qui ne constitue cependant pas un argument narratif. LĂ  encore, c’est une mĂ©lodie empruntĂ©e Ă  la tradition musicale chinoise (Yang guan san die, composĂ©e sous la dynastie Tang), qui alimente le matĂ©riau principal. ComposĂ©e pour Maxim Vengerov, la partie soliste a bĂ©nĂ©ficiĂ© des suggestions techniques du violoniste, qui ont amenĂ©, comme l’indique le compositeur, des rĂ©visions. L’exigence de virtuositĂ© est indexĂ©e sur l’idiome du violon romantique, et outre les rĂ©fĂ©rences habituelles chez le compositeur, on note de façon sporadique une certaine proximitĂ© stylistique avec Prokofiev et Chostakovitch. De façon particuliĂšrement apparente ici, bien qu’il s’agisse d’un procĂ©dĂ© rĂ©current, on remarque Ă  quel point le dĂ©veloppement mĂ©lodique est conditionnĂ© chez Chen Ă  la primautĂ© du matĂ©riau harmonique, celui-ci Ă©tant souvent initiĂ© par un Ă©tat statique ou par l’oscillation sur deux accords. C’est ici le « Chant dĂ©chirant » qui constitue le climax, Ă  nouveau emphatique, de l’Ɠuvre. Le thĂšme qui apparaĂźt Ă  cette occasion permet, en ce qu’il tĂ©moigne d’une pratique courante, de ranger parmi les marqueurs stylistiques du compositeur l’appoggiature chromatique infĂ©rieure indiquĂ©e comme une petite note, caractĂ©ristique qu’il est tentant d’associer Ă  une ornementation courante dans le jeu du erhu.

Un vent de renouveau

Avant ce concerto, Chen avait cependant suivi sur deux compositions la piste des variations orchestrales qui, l’extrayant momentanĂ©ment de ses habitudes compositionnelles, le poussaient Ă  un nouvel Ă©lan d’inventivitĂ© et l’exposaient Ă  une relative prise de risque. Si l’idĂ©e de la variation n’est pas nouvelle pour le compositeur, chez qui dĂ©veloppement et variation ont d’ailleurs souvent tendance Ă  interfĂ©rer, celle qui consiste Ă  rĂ©duire considĂ©rablement dans Luan tan (2016) le matĂ©riau du thĂšme (une figure rythmique et deux notes) et Ă  rendre fluide le passage d’une variation Ă  la suivante l’est davantage. Le thĂšme se complĂšte et donc se rĂ©vĂšle au grĂ© des variations, la progression continue de l’Ɠuvre, bien que cadrĂ©e par des sections distinctes, Ă©tant portĂ©e quant Ă  elle par l’archĂ©type formel crescendo/prolifĂ©ration, et relevant Ă  ce titre d’une logique de processus. Deux modĂšles ont manifestement inspirĂ© le compositeur, le BolĂ©ro de Ravel et l’Allegro initial de la 7e symphonie de Chostakovitch. Le pari n’était pas Ă©vident Ă  tenir et sa rĂ©ussite fait de cette Ɠuvre, oĂč Chen bouscule en outre ses habitudes harmoniques, la plus saillante depuis Wu Xing. De façon Ă©tonnante, il revient Ă  un projet voisin avec ItinĂ©raire d’une illusion (2017-2018), piĂšce totalement rĂ©Ă©crite aprĂšs la premiĂšre rĂ©pĂ©tition de la version initiale en 2017. LĂ  encore, le motif qui fera l’objet des variations, cinq notes dont deux en relation d’octave, est assez minimal. Le pentatonisme est ici laissĂ© de cĂŽtĂ© au profit d’une harmonie sous-jacente de neuviĂšme de dominante, que l’on peut Ă©ventuellement envisager comme une rĂ©duction tempĂ©rĂ©e d’harmonie « spectrale ». Le motif principal apparaĂźtra sous une forme permutĂ©e qui le modifie tout en conservant son empreinte gĂ©nĂ©tique. RĂ©vĂ©lĂ©s au grĂ© des variations « en spirale2 », les motifs secondaires se font de plus en plus lyriques avant un retour Ă  une plus grande intĂ©rioritĂ©, l’arche formelle de la piĂšce Ă©tant liĂ©e Ă  une trame programmatique dĂ©crite de façon assez lapidaire comme « le dĂ©marrage simple et facile de la vie, la façon dont elle se complique, se fait plus intĂ©ressante et palpitante, avant que tout ne retourne au néant3. »
Mobilisant un effectif plus imposant, Jiang Tcheng Tse (2017) prend les apparences d’une cantate dans la tradition occidentale. Le recours, comme dans Iris dĂ©voilĂ©e, Ă  une chanteuse d’opĂ©ra de PĂ©kin ajoute cependant, outre un timbre bien spĂ©cifique, le potentiel expressif d’un registre vocal qui transcende la distinction entre parlĂ© et chantĂ©. Le cĂ©lĂšbre poĂšme Jiang cheng zi [æ±ŸćŸŽć­], souvent considĂ©rĂ© comme la quintessence de l’art de Su Shi, poĂšte de la dynastie Tang, prend une tournure autobiographique en relatant un rĂȘve que fit l’auteur de son Ă©pouse Wang Fu, dĂ©cĂ©dĂ©e dix ans auparavant. Cette premiĂšre Ɠuvre avec chƓur du compositeur favorise une Ă©criture chorale qui, aprĂšs l’installation d’une harmonie cumulative statique rappelant de loin Lux aeterna de Ligeti, devient trĂšs verticale. Par la recherche d’un grandiose qui tend vers la solennitĂ©, la piĂšce se distingue de celles composĂ©es Ă  la mĂȘme pĂ©riode, y compris des plus emphatiques.

Nostalgie d’un temps disparu

Parmi les constantes esthĂ©tiques qui traversent l’Ɠuvre de Qigang Chen, la thĂ©matique la plus prĂ©sente est sans nul doute la nostalgie d’une Ă©poque rĂ©volue. Plus que la nostalgie d’une enfance heureuse avant qu’elle ne soit perturbĂ©e par la RĂ©volution culturelle, c’est probablement celle d’une Ă©poque ancienne et idĂ©alisĂ©e qui domine. Nostalgie d’un temps oĂč se dĂ©veloppait une culture riche, celle de la calligraphie et de la poĂ©sie, celle de la musique et de l’opĂ©ra. Les nombreuses mĂ©lodies traditionnelles que Chen intĂšgre Ă  sa musique deviennent le symbole d’une civilisation disparue. Dans la mesure oĂč il s’agit de mettre en jeu une mĂ©moire certes affective mais Ă©galement scĂ©narisĂ©e Ă  des fins expressives, la dĂ©marche du compositeur relĂšve d’une dĂ©marche post-moderne. Les rĂ©fĂ©rences Ă  la tradition chinoise servent un discours musical souvent programmatique, assumant dans une certaine mesure un rĂŽle de leitmotiv. D’une production musicale orientĂ©e vers la narrativitĂ©, on peut s’étonner qu’elle n’ait pas donnĂ© lieu Ă  davantage d’Ɠuvres vocales, d’autant que Chen insiste volontiers sur le sentiment et l’émotion, semblant par lĂ  mĂȘme minimiser le rĂŽle de la formalisation. Et lorsque voix il y a, le texte dont elle est porteuse est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ© avec parcimonie, comme s’il pouvait se retourner contre la musique. Bien qu’il ait dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© l’opĂ©ra, le compositeur affrontera-t-il un jour l’abondance du texte d’un livret ? Le goĂ»t pour un style hĂ©roĂŻque, dans lequel il est tentant de voir une source de l’hyperthĂ©matisme que dĂ©veloppe le compositeur, est-il un hĂ©ritage de la rhĂ©torique communiste dont a Ă©tĂ© imprĂ©gnĂ© le jeune Chen ? Il semble que l’orchestre reste pour le compositeur le medium privilĂ©giĂ© pour mettre en forme ses idĂ©es musicales, dans un rapport entre potentiel et maniabilitĂ© qui dĂ©passe manifestement pour lui celui des effectifs chambristes qu’il n’a guĂšre explorĂ© en dehors de la pĂ©riode 1985-1996.
Un « arbre chinois », Chen l’est assurĂ©ment, mais dont une phase dĂ©terminante de la croissance a eu lieu dans une serre occidentale. S’il est vain de tenter de dĂ©terminer ce qui dans sa musique est chinois et ce qui est occidental, ce qui a Ă©tĂ© acquis en Chine Ă©tant d’ailleurs dĂ©jĂ  marquĂ© par l’Occident, Qigang Chen est reprĂ©sentatif de la perspective dans laquelle s’inscrit aujourd’hui la part majoritaire la musique contemporaine chinoise.


1. L’émission a changĂ© de nom pour CrĂ©ation mondiale en 2017.↩
2. Qigang Chen, note d’intention.↩
3. Ibid.↩

© Ircam-Centre Pompidou, 2024


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