informations

Type
Séminaire / Conférence
Lieu de représentation
Ircam, Salle Igor-Stravinsky (Paris)
durée
01 h 16 min
date
10 avril 2018
note de programme
Michel Imberty

Au-delà des sciences cognitives classiques, le temps musical se révèle comme une expé- rience de la conscience intime du temps. Toute écoute, toute perception musicale est d’abord une expérience, c’est-à-dire une réalité de conscience et d’intentionnalité. Je n’ai pris en compte cette dimension phénoménologique de la perception de la musique sur laquelle je travaillais depuis déjà de nombreuses années, que progressivement, d’abord en accordant une importance de plus en plus grande à la «sémantique» de la musique rassemblée dans les affects, les sentiments et les mouvements évoqués, puis aux notions plus essentielles encore de «changement», de formes du temps, de pro ls proto-nar- ratifs (ou non) des organisations – je devrais dire des organismes sonores que sont les œuvres et toutes les manifestations des musiques du monde. La musique est expérience de la conscience du temps, et la vie humaine n’est qu’une longue trame de toutes sortes d’expériences du temps, rapportées à l’esprit par notre cerveau dont le fonctionnement est lui-même proto-narratif et musical. Mais la musique est aussi manifestation incarnée de l’intersubjectivité humaine. Dans l’expérience collective de la musique se constituent des groupes, s’harmonisent des consciences, communiquent des esprits, au point que certains voient l’origine de la musique dans l’expérience de «l’harmonie contagieuse» qui est une conséquence du fait que nous faisons partie d’une espèce coopérative vivant en groupes, et qui sait donc « accorder » ses voix pour communiquer et se comprendre dans le chœur. La plupart des chercheurs en sciences cognitives considèrent que la fonction essentielle du système cognitif est de produire des «représentations», c’est-à-dire des ressentis de l’activité du cerveau transférés dans la conscience. Les émotions et les sentiments sont aussi des représentations dont la nature n’est pas différente des autres formes d’activité du cerveau. Ces représentations doivent donc pouvoir être décrites en termes physiques de con gurations neurales. Mais elles ont aussi une autre caractéristique : elles ont un sens et traduisent une intentionnalité de conscience. C’est cela qu’on ne peut oublier lorsque l’on veut étudier l’expérience musicale. C’est ce que j’ai tenté de faire ici.


Michel Imberty : la psychologie de la musique au-delà des sciences cognitives - 1er jour

Si les travaux de Michel Imberty dans le domaine de la psychologie cognitive de la musique sont connus (Entendre la musique, 1979, Les écritures du temps, 1981), ils ne s’inscrivent dans les courants comportementalistes et structuralistes de l’époque que d’une manière particulière et partielle. Dans ces ouvrages comme dans les nombreux articles qui suivront, progressivement se dégagent deux thèmes interdisciplinaires et surtout une position épistémologique plus proche de celle de l’anthropologie ou de l’ethnomusicologie, position qu’on pourrait qualifier de phénoménologique. Ces deux thèmes sont d’une part la temporalité et /ou le temps musical – le plus ancien dans sa réflexion - , la nature et l’origine de la musicalité humaine d’autre part, concept central développé parallèlement dans l’ouvrage de 2005, La musique creuse le temps. Or c’est aussi dans cet ouvrage que la position phénoménologique du chercheur est affirmée, car la réflexion sur le temps musical pose non seulement des problèmes de cognition au sens classique, mais des problèmes de sens et de signification qui étaient déjà la matière des deux premiers ouvrages. Le sens pose la question de l’intentionnalité, et on ne peut travailler sur la musique – comme sur toute œuvre humaine – sans s’interroger à la fois sur les conduites (du compositeur, de l’exécutant-interprète, de l’auditeur), et sur le sens que ces conduites ont pour ceux qui en sont les actants intentionnels. Plus encore, on ne peut le faire sans s’interroger sur le sens que tout cela prend pour le chercheur lui-même, le sens qu’il donne à sa recherche par rapport à ce que les sujets qu’il interroge en perçoivent eux-mêmes. En interrogeant la musique à travers un large champ de recherche, qui va des théories psychanalytiques au bouclage du temps dans un parcours « proto-narratif » tel que la biologie contemporaine en relève les traces dans le fonctionnement cérébral, Michel Imberty a ouvert un espace considérable à l'interprétation des faits musicaux, et ses écrits interrogent aussi bien le musicologue et l'analyste de la musique que le psychologue ou le philosophe qui s'intéresse à la manière dont l'être humain donne sens à la temporalité. Ce colloque, intitulé « Michel Imberty, la psychologie de la musique au delà des sciences cognitives » se propose d’accueillir les contributions de chercheurs qui ont été à un moment ou à un autre de leur parcours, marqués par cette pensée qui fait entendre le fait musical sous un angle radicalement renouvelé.

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