Comme Gegenlicht (Contre jour), Vom Blau (Au bleu), Kristall, pièces pour la clarinette basse, la contrebasse et le saxophone alto, créés à Musica 1999, Sommerbericht est un des poèmes de Paul Celan où le langage exprime le plus la conquête d’une stabilité menacée. Stabilité du poète comme du poème.
Il semble – comme Armand Robin a pu le relever chez d’autres poètes animés par le même souci de purification du langage – que parfois le poème parte d’un chaos émotionnel, pour aboutir à un langage où ne subsistent que les molécules les plus fines de tohu-bohu originel.
C’est aussi un trajet que prend souvent la musique dans sa double relation de la forme et du sens : trajet que l’emploi de la percussion « instrument des origines » rend plus sensible encore.
Ces poèmes lus il y a près de vingt ans et relus sans cesse apparaissent comme autant de textes insurpassables, débarassés de tout esthétisme, essentiels, dans une lumière étrangement proche de ceux d’Attila Jozsef découverts dans le même temps. Il aura fallu toutes ces années pour que ces textes qui m’accompagnent deviennent des « pré-textes » à l’écriture d’une musique qui n’illustre pas, ne commente pas le poème mais a simplement été éveillée par lui.
Henry Fourès