Les représentations temps-fréquence sont devenues le support d’une compréhension intime des enjeux de l’harmonie. Leur avènement il y a 200 ans ouvre la voie à une description physique du phénomène harmonique, apte à quantifier différentes modalités d’interactions entre partiels. Quarante ans plus tard, Helmholtz, en montrant que l’oreille interne se comporte comme un analyseur spectral, met en avant la réalité physiologique de la décomposition de Fourier, et propose une interprétation de ces interactions en termes de sensation sonore.
Des modèles physiques et psychoacoustiques de l’harmonie ont été largement développés ces dernières années, dans les domaines respectifs du traitement du signal (MIR) et de la perception. En décrivant les interactions simultanées autant que successives entre composantes spectrales, ils permettent d’aborder l’harmonie sous ses aspects à la fois statique (accords isolés) et dynamique (enchaînements d’accords). En outre, chaque modèle structure l’espace harmonique qu’il décrit (espace d’accords, espace d’enchaînements…), et l’étude combinée des différentes structures induites rend explicite le rapport harmonie/timbre, en même temps qu’elle constitue, dans une approche analytique, un outil complémentaire aux méthodes issues directement de la théorie musicale.
En se plaçant dans le cadre théorique des descripteurs harmoniques, nous nous attacherons tout d’abord à la représentation plane de l’espace des accords à trois notes. Les sons induisent sur cet espace une structure harmonique, que nous ferons voir et entendre grâce à une interface novatrice présentée à cette occasion. L’étude de ces structures nous permettra d’éclairer différents aspects de la théorie de Rameau. Nous aborderons ensuite l’aspect dynamique en introduisant des espaces de transition.