« Rhizome, écrit Michael Jarrell, est un terme de botanique. C'est l'appellation d'une tige souterraine qui s'allonge en poussant soit des rameaux, soit des feuilles à l'une de ses extrémités, tandis qu'elle se détruit par l'autre. Comme l'étymologie l'indique, il s'agit d'une racine. »
Trei II pour soprano et cinq instruments (1982-1983) et Assonance VII pour un percussionniste (1992) peuvent être considérées comme les deux « racines souterraines » de Rhizomes. Ces deux œuvres explorent certaines possibilités de la superposition de périodes ou de tempi différents — possibilités que Rhizomes intègre à des « cycles de développements » continus : la simple répétition d'une note peut donner naissance à des figurations rapides, à des trémolos, à des trilles, à un son tenu, selon les embranchements que le compositeur emprunte, selon les « chemins » qu'il suit au sein des arborescences qui constituent une manière de « grammaire générative » pour la pièce.
Cette continuité mouvante se retrouve dans le travail du timbre : ainsi, la préparation de l'un des deux pianos pourra créer un « pont » vers la sonorité du wood-block. Et de fait tout le projet de Rhizomes pourrait être considéré comme un nouveau regard porté sur cette interrogation qui était au cœur de Trei II : comment intégrer la percussion, cet « élément perturbateur », au sein de l'univers tempéré ?
Peter Szendy.