L’interprète comme Observateur Electrochronicle (1972-74) n’est ni de la musique improvisée ni composée ; sa beauté réside dans la richesse des mouvements musicaux microscopiques. Les sons produits par les vibrations d’un intervalle fixe joué sur un orgue et relayés à travers plusieurs appareils de conversion sonore créent des mélodies et des rythmes originaux. Ces sons peuvent être comparés aux ondulations créées par un caillou jeté dans l’eau, où l’on peut admirer la beauté des ondulations. Les musiciens peuvent alors se concentrer sur la reconnaissance de la nature des intervalles : maintenir les touches enfoncées, écouter… jusqu’à ce qu’ils aient « compris ». Cette musique n’est pas « jouée » ou « exécutée », elle est « écoutée ». Création d’un microscope à intervalles Les changements d’un paramètre du son, notamment les changements de fréquence, donnent vie aux changements des autres paramètres tels que le spectre, l’amplitude et la relation de période. Cela agit comme une sorte de microscope audio qui permet d’observer les mouvements internes des intervalles comme une forme musicale agrandie et multipliée. Nouvelles catégories de l’écoute Ce travail crée de nouvelles catégories d’écoute et de réception, tant au niveau des phénomènes sonores que de leur fonction structurale et de leur interprétation. Cela donne un sentiment de nouvelles unités de temps pour la création de formes, de pulsations, de périodicité et de nouvelles proportions.
Après ses études de composition à l’Académie Franz Liszt à Budapest, György Kurtág intègre l’IRCAM en tant que compositeur chercheur (Atelier de recherche instrumentale) et assistant musical (travaillant avec/pour M. Kagel, Péter Eötvös, S. Bussotti…) Profondément attiré par les arts plastiques et l’image, il reçoit des commandes musicales du Centre Georges Pompidou, du Musée du Louvre, du Musée de Grenoble, ainsi que de la part d’artistes plasticiens, vidéastes, chorégraphes. Ses recherches englobent aussi bien des compositions collaboratives, des projets évolutifs que l’analyse et la captation des gestes de l’instrumentiste, la création des instruments nouveaux. Actuellement il est directeur artistique du SCRIME et président du Centre Européen pour l’improvisation. Comme compositeur, il s’intéresse au travail collaboratif avec les compositeurs, mais aussi à des projets évolutifs sur mesure avec les interprètes. Ses pièces, évoluant vers une maturation avec l’âge, ne sont pas éditées, et rarement enregistrées. En tant que chercheur, il s’intéresse à la création d’instruments intelligents et à des dispositifs intégrant à la fois des instruments collectifs et la pédagogie de l’interactivité expressive. Comme pédagogue, il expérimente une méthode de la pédagogie de la complexité qui développe des compétences, qu’il croit indispensables pour la fluidité d’une communication en trois dimensions : l’intelligence sensorielle (mobilité de l’écoute, perception tactile, etc.) ; l’intelligence partagée (communication homme-machine) ; l’intelligence collective (improvisation libre).
Colloque Peter Eötvös : jour 2. D'une dramaturgie musicale à l'autre
Né le 2 janvier 1944 en Transylvanie, Péter Eötvös mène une triple carrière de compositeur, chef d'orchestre et pédagogue. Sa musique, jouée par les orchestres et les festivals du monde entier, compte à ce jour – en plus d’environ 90 œuvres instrumentales et vocales importantes – douze opéras (et deux opéras de chambre), parmi lesquels : Trois Soeurs (1996-1997), Love and Other Demons (2007), Paradise Reloaded (Lilith) (2012/13), Der goldene Drache/Golden Dragon (2013/14), Sleepless (2020) et le dernier qui sera créé en 2023 : Valuska. Depuis ses premières pièces et les musiques de film de sa jeunesse, le caractère théâtral, dramaturgique et visuel de ses oeuvres prédomine, jusque dans son catalogue instrumental. Aussi sa production dans le domaine du théâtre musical (ses œuvres instrumentales et vocales, puis ses opéras) mérite-t-elle d’être interrogée du point de vue esthétique, analytique et dramaturgique. Ce sera l’objet de ce colloque réunissant des spécialistes de sa musique venant de plusieurs pays : France, Hongrie, Allemagne, Autriche, Portugal, États-Unis ou encore la Chine.
Organisation scientifique : Márta Grabócz
Organisation institutionnelle : Institut Liszt, Ircam
Comité scientifique : Jean-François Boukobza, Laurent Feneyrou, Geneviève Mathon, Szabolcs Molnár